Lune

Lune

Lunatique

Quand tu t’élèves énigmatique

Ta luminosité euphorique

Ravive les souvenirs

De tout un empire

Où les ombres survolent

Les nuages et batifolent

Loin des lourdeurs

Des corps en sueur

De cette enveloppe de chair

Dont on paie parfois le prix si cher

Loin de la pesanteur

Et de l’excessive chaleur

Des émois

Dont on porte le poids

À travers notre chemin de croix

Pauvres humains de bois !

Lune

Lunatique

Ton mystère nourrit

Les plus grandes envies

Aux noms sortis

Tout droit d’un livre de magie

Ton apparition

Marque les tensions

Pleine ou en croissant

Les regards se tournent spontanément

Vers ta lueur blonde

Qui, je le crois, nous sonde

Pauvres hommes

Que nous sommes !

À jamais enracinés sur la Terre

À l’existence, ô combien éphémère

Nous cherchons dans tes rondeurs

Un espoir d’un univers ailleurs

Peut-être une aventure

Taillée sur mesure

Et à la hauteur

De nos erreurs

Lune

Lunatique

Ton image figée

Sur un film de couleurs passées

Que dévoile-t-elle ?

Une insondable ritournelle ?

Le monde n’est pas assez vaste

Qu’il nous faille jouer aux iconoclastes

Et prétendre, prétentieux

Que nous valons mieux

Que de rester ignorants

Sur l’espace qui nous entoure infiniment

Lune

Lunatique

Tu as fait de nous des fanatiques

Versés dans une quête mystique

Une odyssée éternelle

De défier nos sens charnels

Pour conquérir un monde inaccessible

Un imaginaire impossible

Aux portes d’une contrée

Que seule la mort peut envisager

En attendant de t’asservir

Reste cet objet de désir

Que nul ne parviendra

À enfermer dans un canevas

Même créé juste pour toi

Ce rêve est une chimère qui rira

Avec complaisance

De notre ignorance

Lune

Lunatique

Amuse-toi de nos dérives fantomatiques

Et malgré tout, veille sur nous, pauvres hérétiques !

Floriane Reboh auteure ®