Le fil rouge

Comme un lien ténu

Parfois lâche, parfois tendu

Qui n’abandonne pas l’objet de son désir

Qui offre les plus beaux délires

Un fil rouge qui unit

Des rêves inassouvis

Un cœur isolé

Recherche âme-sœur esseulée

Corps trop souvent oublié

Plonge dans l’abîme rêvée

Des sentiments éperdus

Accrochés et suspendus

Au fil de leurs pérégrinations

Vaines revendications

Promesses ainsi murmurées

Au détour d’un « je t’aime » assumé

Pourtant l’amour

N’est pas toujours

Celui auquel on croit

Celui qui marche droit

Aimer est une émotion

Plus puissante que la force du son

Aimer dans son âme

Aimer dans son corps sans charme

Aimer dans son cœur

Aimer et avoir peur

Un fil rouge alors tendu

Entre deux êtres en mal d’être reconnus

Je peux t’aimer

Mais pourras-tu lui donner la réalité ?

Aimer demeure une incertitude

Un sentiment de plénitude

Une agitation infinie

Qui renaît à l’aube des insomnies

Une souffrance ingénue

Dans laquelle on se jette éperdu

Croire en la vérité

Des mots qui se murmurent, calfeutrés

Le fil rouge alors qui rassure

Peu importe les murs

L’amour le suit dans toute sa sincérité

Vibre et s’anime, passionné

Oublie la réalité

Oublie les impossibilités

Quand l’amour nous tient

Nous ne sommes que des jouets entre ses mains

Conscients du danger

Pourtant toujours prêts au sauter

Dans ses filets si bien tissés

La raison s’en est allée

Orphelins de son bon sens

L’amour navigue à contre-sens

Un fil rouge toujours lié

À nos poings serrés

Ce qui nous retient

N’est pas le courage d’admettre ce lien

Mais la peur de le perdre

Même si l’esprit met en garde

Et cherche l’apaisement

Plutôt que la souffrance inutilement

Le cœur a ses raisons

Que la raison écarte patiemment

On peut aimer sincèrement

Mais ne pas pouvoir aimer réellement

Alors quel sens donner

À ce fil rouge qui continue de frapper

Le corps de son fer

Le cœur de ses lumières

L’âme de son insistance

L’être de son impatience

L’amour est-il nécessairement réel

Ne peut-il s’exprimer en duel

Entre les mots et les émotions

Le présence et l’abdication

De soi devant tant de puissance

Au diable la souffrance

S’il faut le vivre une fois

Peut-être mieux vaut-il aimer sans loi

Que de ne pas connaître du tout

Cette émotion qui rend fou

Floriane Reboh auteure ®